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Infobésité : quand la surinformation tue l’information

Dans une société hyperconnectée, de nombreux salariés sont submergés par un trop plein d’informations et de sollicitations. Selon une étude du CAS (Centre d’Analyse Stratégique) le mal est profond car l’accumulation de courriers électroniques est devenue la principale source de stress pour les travailleurs. Il apparaît que les Français consacrent pas moins de 100 jours par an à les lire et à les traiter! On appelle ce phénomène «l’infobésité» contraction des mots « information » et « obésité ». Par analogie à la maladie due à un fort surpoids, l’infobésité désigne une surcharge informationnelle, c’est-à dire une « situation dans laquelle une personne est noyée par une quantité excessive d’informations, au point où cela devient difficile à gérer et à traiter ».

Cette infobésité envahit notre existence tant personnelle que professionnelle et ce phénomène ne fait que s’accroître avec les smartphones et autres tablettes. Le flux est tel que nous n’arrivons plus à hiérarchiser les données que nous recevons.

Les dangers dus à l’infobésité :

  • le risque de saturation 

En raison de l’hyperconnexion (SMS, messagerie instantanée,intranet, réseau d’entreprise,..) nous recevons plusieurs dizaines voire des centaines de sollicitations quotidiennement. Ces interruptions sont sources d’une perte de temps considérable car il est démontré qu’il faut, en moyenne, plus d’une minute pour reprendre le fil de notre pensée. Pour y faire face de nombreuses personnes ont recours à une pratique dite « multi tâches » qui consiste à effectuer plusieurs choses simultanément, comme écrire un mail tout en échangeant au téléphone. Mais cette mauvaise habitude est épuisante et réduit les performances: elle multiplie le risque d’erreurs et empêche une bonne mémorisation.

  • La paralysie décisionnelle

Si une information optimale est nécessaire pour prendre des décisions, la recherche de données supplémentaires aboutit à une dégradation du processus décisionnel. En effet, à partir d’un certain volume d’informations, il est difficile de discriminer entre la bonne information ou son contraire. Ainsi, l’excès de matière paralyse nos processus de décision, augmente la peur du risque et diminue notre capacité à faire les bons choix. On peut dire que l’infobésité conduit à une forme de tétanie.

  • Le risque de mélanger vie professionnelle et personnelle

De nombreux salariés, toujours sur le qui-vive, restent connectés en permanence (WE et vacances comprises), par peur d’être jugés négativement ou parce qu’ils sont incapables de laisser leur vie professionnelle au bureau. Les études montrent que plus de 30 % des salariés restent connectés aux outils numériques professionnels hors des horaires de travail et ce en dépit de la loi de 2017 sur le droit à la déconnexion.

  • La dégradation du sommeil

Un Français sur deux dort avec son smartphone allumé à proximité du lit. Ces personnes sont incapables de résister au son d’un vibreur ou à un mail nocturne. Cela nuit à la qualité de leur sommeil et engendre une perte de performance et d’énergie. Ce manque de sommeil est à l’origine de nombreuses erreurs de l’aveu même de salariés concernés.

  • Le stress au travail 

L’infobésité peut engendrer une véritable souffrance au quotidien. Lorsqu’un salarié se sent submergé par le flot d’informations qui lui arrive en continu, il entre en phase de stress qui peut se manifester par une angoisse constante, une inquiétude, un sentiment de frustration, d’impuissance, voire de culpabilité. C’est particulièrement vrai chez les managers, sans cesse sollicités, qui finissent par souffrir de surinformation. Ils se sentent prisonniers dans une urgence généralisée car le traitement de ces mails vient s’ajouter à leurs tâches premières et nuit à leur concentration. Le trop plein de mails devient un facteur de stress et d’épuisement qu’il ne faut pas négliger. On parle alors de « pénibilité numérique » et les managers constatent que cette situation ne fait qu’empirer.

Comment y faire face :

La bonne nouvelle, c’est que l’on peut combattre l’infobésité. Des actions simples et une forte dose de volonté permettent de reprendre le contrôle.

Préalable à ce combat: il faut abandonner la prétention de tout savoir et de tout comprendre en temps réel car c’est une chimère. Pour sortir de l’infobésité, il faut abandonner l’idée d’exhaustivité en acceptant l’idée qu’il n’est pas possible de tout voir et de tout traiter. Limiter les sources d’information au strict nécessaire aide à mieux comprendre et mieux traiter les messages que nous recevons; cela est un premier pas vers la guérison.

La solution passe aussi par un « régime informationnel »? c’est-à-dire qu’il faut limiter le nombre d’informations en sélectionnant soigneusement les applications et les réseaux sociaux que nous utilisons. Et pour ne pas être sans cesse interrompu dans notre travail il faut prioriser ce qui est urgent et créer deux ou trois créneaux temporels pour lire le reste de ses mails. En dehors de ces plages autorisées, désactivez les notifications qui vous font perdre du temps.

Le sevrage passe aussi par le respect du droit à la déconnexion. C’est impératif pour protéger sa vie privée. Depuis 2017, ce droit doit être inscrit dans les conventions de travail. Un salarié a le droit de ne pas répondre aux sollicitations professionnelles en dehors de son temps de travail. Et sachez, qu’afin de privilégier les échangeset de réintroduire un dialogue en face à face entre les salariés, des entreprises innovantes instaurent des journées sans mail. Un échange direct entre collègues peut éviter des dizaines de mails, des erreurs et favoriser la compréhension des informations ou directives.

Enfin, mais est-il nécessaire de le rappeler, ne dormez pas avec votre portable.

L’infobésité porte atteinte à la performance des organisations et au bien-être des personnes. La combattre est donc un impératif auquel nous devons tous nous soumettre.

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