Les plus anciens d’entre ont connu ce temps où les bouteilles en verre étaient consignées. Depuis 1953, cette pratique, écologique avant l’heure, a progressivement décliné jusqu’à disparaître de notre quotidien.
Ce système de consigne a cependant été maintenu en Alsace et en Allemagne, où elle est toujours en vigueur aujourd’hui. Chez nos voisins la consigne a même était étendue aux canettes en aluminium. Elle y est également obligatoire pour les bouteilles en plastique à usage unique depuis 2003.
Et si on regarde de plus près de nous, ce système de consigne a persisté et évolué dans le secteur des cafés, hôtels et restaurants. La raison est simple : on rentabilise le retour des camions de livraison en les chargeant des bouteilles vides qui regagnent ainsi les fournisseurs qui n’ont plus qu’à les laver avant de les réutiliser.
On peut s’interroger sur ce retour en grâce. Une des raisons avancées est que, contrairement au plastique, le verre est un contenant sans danger pour la santé. Son utilisation évite le rejet dans la nature de particules microplastiques qui finissent par pénétrer dans notre corps et terminent dans nos organes vitaux tels que le foie ou encore les poumons, comme cela est démontré par plusieurs études.
Le verre est donc l’emballage le plus sûr pour notre santé car c’est une matière inerte. Et en plus d’être bon pour la santé, le verre consigné est bon pour la planète car il ne produit pas de déchets ! En effet, le verre est recyclable à l’infini à contrario du plastique qui n’est recyclé qu’à 20%. Le reste des produits finit donc dans la nature.
Autre argument en faveur du système de consigne : des études prouvent qu’une bouteille consignée permet d’économiser 33% d’eau, 79% de CO2 et 75% d’énergie par rapport à une bouteille recyclée. Si le recyclage du verre est une pratique courante en France, il est moins efficace que la consigne. En effet, il nécessite de fondre le verre à plus de 1500°C, ce qui consomme beaucoup d’énergie et d’eau. La consigne permet de réutiliser le verre sans le fondre, ce qui est forcément plus écologique.
Les pouvoirs publics sont conscients de cette situation et envisagent d’obliger les grandes surfaces à reprendre les emballages en verre vides. Après Carrefour qui a initié le mouvement, les enseignes U et Leclerc vont lancer leur propre système de consigne des bouteilles en verre après une négociation avec les grandes marques de l’industrie des boissons (Coca Cola, Heineken, Nestlé,…) . A titre expérimental, la consigne du verre sera proposée dans une sélection de 14 points de vente situés en Île-de-France au sein de 9 magasins Système U et 5 Leclerc ; ils rejoignent 150 Carrefour City de Paris.
La secrétaire d’état en collaboration avec l’éco-organisme Citeo, chargé de la gestion des emballages et papiers, a annoncé le lancement de bouteilles ou pots en verre standards par des verriers comme Verallia ou O-I, afin d’encourager les industriels de l’agroalimentaire et des boissons à les adopter, de manière à favoriser leur réemploi. La finalité est de mettre en place la consigne des verres avant fin 2026.
Par ailleurs, la généralisation de la consigne aux bouteilles en plastique à usage unique en France pourrait voir le jour. C’est une mesure ambitieuse, mais qui est nécessaire pour lutter contre les déchets plastiques. Elle devrait permettre d’en réduire la production de plusieurs millions de tonnes par an. Notons que réduire la production de déchets était l’un des objectifs de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, promulguée en 2020. Parmi les mesures prévues par cette loi, figurait la généralisation de la consigne pour les bouteilles en plastique à usage unique d’ici 2025.
L’objectif temporel ne sera pas atteint, on en est bien loin mais les choses avancent à petits pas. Il nous appartient de les accélérer. On n’arrivera à le faire que si on le fait tous ensemble.
