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Du rififi entre fabricants et grande distribution

Dans cette période de forte inflation (21 % en 2 ans) chacun peut constater que tout est bon pour gonfler les tarifs et faire payer le consommateur sous différents prétextes. L’inflation a bon dos et permet à certains de se remplir les poches au détriment du consommateur.

Dans un précédent article intitulé « Comment les marques et les enseignes cherchent à vous tromper » nous vous avons alertés sur les nouvelles stratégies commerciales des fabricants pour masquer les fortes augmentations de leurs produits. L’astuce la plus usitée consiste à changer le poids pour augmenter le prix au kilo sans changer le prix à l’unité, procédé connu sous le vocable de « shrinkflation ». . Ceci n’est pas interdit par la loi à condition que le consommateur en soit informé. Mais cette condition n’est jamais respectée. Pourtant ils n’hésitent pas à proclamer haut et fort « qu’ils veulent défendre le pouvoir d’achat des Français ». Et même la restauration s’y met. McDonald’s France a été épinglé par les réseaux sociaux pour avoir réduit la taille de son célèbre sandwich Big Tasty sans en faire évoluer le prix.

Et pour gonfler leur bénéfices certains fabricants n’hésitent pas à recourir à d’autres méthodes :

  • la « cheapflation » : procédé qui consiste a changer un ingrédient par un autre de moins bonne qualité, sans faire évoluer le prix à la baisse. Par exemple : remplacer un fruit par des arômes, mettre plus de gras dans les charcuteries, baisser la teneur en fromage … Le consommateur peut difficilement s’en rendre compte.
  • la greedflation : méthode qui consiste à profiter de l’inflation pour augmenter les prix de vente d’un produit alors que les coûts de production n’ont que très peu montés. Avec ce mécanisme les fabricants cherchent à noyer la hausse du tarif dans l’inflation généralisée.

Cependant ces pratiques commencent à se voir et sont de plus en plus dénoncées par les associations de consommateurs et même par le ministre de l’économie qui n’a pas hésité à parler de situation inacceptable, d’arnaque, de scandale. Pointés du doigt, les distributeurs, qui jusqu’ici fermaient les yeux sur ces pratiques voire y participaient (par le biais des fausses promotions telles que des aliments vendus au format « familial », mais finalement « plus chers au kilo ou au litre ») , se retournent contre les fournisseurs.

La guerre fait rage entre les distributeurs et le gouvernement d’un côté et les géants de l’industrie alimentaire de l’autre.

Ainsi Carrefour a décidé d’informer ses clients avec cette affichette : “ce produit a vu son grammage baisser et le tarif pratiqué par notre fournisseur augmenter. Nous nous engageons à renégocier ce tarif”. L’objectif est de dénoncer les mauvais élèves et les couvrir de honte pour que les consommateurs les boycottent ! Intermarché se joint au mouvement en appuyant son action sur un exemple symbolique : les pommes de terre rissolées surgelées Findus, dont le grammage est passé de 600 à 590 grammes pour un prix au kilo en hausse de 68%.

Mis au banc des accusés, les distributeurs tentent, souvent en vain, de justifier ces pratiques ou d’en minimiser l’ampleur. Le PDG d’Unilever France a pris la parole pour défendre sa société. Il va jusqu’à déclarer que la stigmatisation publique de l’industrie alimentaire, pourrait rendre les consommateurs suspicieux et contribuer à la déconsommation, ce qui serait préjudiciable à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Il affirme même que la pratique du « shrinkflation » peut aider les consommateurs à gérer leurs dépenses sur plusieurs mois. On croit rêver.

Au final, rejeter les dérives sur les seuls fabricants est facile mais les distributeurs ont leur part de responsabilité. Chacun peut avoir son avis sur la question mais une chose est sûre : à la fin c’est le client qui paye.

Aux dernières nouvelles, le ministre de l’Économie annonce qu’il va présenter un texte de loi début octobre pour lutter contre ce phénomène et mieux encadrer les changements de formats des packagings. Chiche !

JCL