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Déchets plastiques : la guerre mondiale est déclarée

La pollution plastique s’apparente à une véritable « bombe à retardement » pour notre terre. On commence à peine à en mesurer les répercussions et on s’aperçoit qu’elle constitue une menace majeure pour la biodiversité, le climat et notre santé.

Il faut savoir que le plastique, invention purement humaine, est le 3ième matériau le plus fabriqué dans le monde après le ciment et l’acier et que, si rien n’est fait, sa production doublera d’ici 2050. Son usage est éphémère, souvent unique, plus de 80 % des produits plastiques sont jetés dans l’année qui suit leur production et ils peuvent mettre des centaines d’années à se dégrader. Une étude a évalué que près de 60 % de tous les plastiques produits avaient été jetés dans des décharges ou dans la nature, soit 4,9 milliards de tonnes. À l’échelle mondiale, selon l’OCDE, 9 % sont recyclés, 19 % incinérés et 50 % jetés dans des décharges contrôlées, tandis que 22 % sont abandonnés.

Les États prennent lentement conscience du problème et commencent, enfin, à s’organiser pour chercher des solutions. Un traité mondial contre la pollution plastique a été adopté, par l’ONU, en mars 2022. 193 États ont engagé les négociations qui visent à l’élaboration d’un texte contraignant portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques, depuis leur production, leur consommation et jusqu’à leur fin de vie. Ces négociations vont durer 2 ans et quand ce texte sera finalisé les États devront le ratifier.

Pour parvenir à un accord final en 2024, cinq sessions de négociations ont été planifiées. Après l’Uruguay en novembre 2022, la prochaine réunion commence à Paris le 29 mai prochain. Trois autres réunions sont prévues fin 2023 et en 2024.

L’accord devra définir des mesures contraignantes, reposant sur des principes existant au niveau international dont ceux de précaution, du pollueur-payeur ou encore de hiérarchisation des déchets. Le futur traité devra comporter des obligations et des mesures de contrôle, afin de parvenir à :

  • limiter la consommation et la production de plastiques;
  • promouvoir une économie circulaire des plastiques qui protège l’environnement et la santé humaine ;
  • assurer une collecte, une gestion et un recyclage efficaces de ces déchets.

Plus volontaire, le CESE ( Conseil Économique, Social et Environnemental) souhaite, de son côté,que l’on parvienne à : 

  • interdire l’usage des plastiques à usage unique d’ici 2040 ; 
  • augmenter sensiblement la part minimale de plastique recyclé dans les emballages, à hauteur de 50% sur tous les produits d’ici 2050 ;
  • inclure, en annexe, une liste des groupes d’additifs les plus toxiques et néfastes pour la santé et l’environnement.

Pour peser sur les négociations, le WWF vient de publier ses recommandations. Il souhaite que soient identifiés les produits plastiques les plus nocifs en évaluant leur composition, leurs usages, leur cycle de vie et leur impact écologique. Puis ils devront être classés en deux groupes : « ceux qui peuvent être réduits de manière significative ou éliminés à court terme  » et ceux qui, à défaut, « nécessitent des mesures de contrôle mondiales pour promouvoir le recyclage, la gestion et l’élimination responsables ». Le WWF souhaite également que le futur traité intègre « l’interdiction immédiate des fibres plastiques inutiles dans les lingettes humides, les filtres de cigarettes et les sachets de thé, les articles à usage unique — tels que les couverts en plastique, les assiettes, les gobelets, les cotons-tiges et les e-cigarettes jetables — ainsi que les microplastiques contenus dans les dentifrices et les produits de soin de la peau ».

En résumé la pollution plastique est un problème planétaire croissant qui exige une réponse internationale urgente. Ses répercussions, que l’on commence seulement à appréhender, représentent une menace majeure pour la planète. Souhaitons que les négociations soient couronnées de succès et qu’elles débouchent sur un traité planétaire, accepté par tous les États pour le plus grand bien de la nature et de l’humanité.