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Consultations médicales oubliées : un véritable fléau

Selon l’Académie nationale de médecine et l’Ordre des médecins, on dénombre, chaque année, 27 millions de rendez-vous non honorés en France. Dans le contexte de désertification médicale qui touche 87% du territoire, ce constat mérite réflexion. Les pouvoirs publics sont alertés et invités à responsabiliser les patients indélicats.

Concrètement, pour obtenir un rendez-vous le plus tôt possible chez un médecin, les patients prennent l’habitude de bloquer le premier créneau qui leur paraît convenable. Puis ils poursuivent leurs recherches pour trouver mieux. Cependant une fois la recherche aboutie, ils oublient d’annuler la ou les premières consultations qu’ils ont réservées.

Une des réponses possible serait de facturer la consultation même si elle n’a pas été véritablement réalisée. Techniquement ce n’est pas possible car le patient règle sa consultation médicale à la fin du rendez-vous par carte bancaire, chèque ou espèces. Et comme votre médecin n’enregistre pas vos coordonnées bancaires, il lui est impossible de prélever sur votre compte le montant des honoraires qu’il aurait dû percevoir. De son côté l’Assurance maladie pourrait vous prélever l’argent comme elle le fait déjà pour des remboursements indus. Mais comme le patient n’a pas donné sa carte vitale c’est techniquement impossible. Des sénateurs ont proposé d’introduire une « taxe lapin » mais la loi n’ a pas vu le jour.

Le seul moyen d’agir passe par les plateformes de réservation en ligne. Ainsi sur Doctolib les médecins ont aujourd’hui la possibilité de suspendre la réservation d’une consultation des patients récidivistes.Une radiation des sites en question est-elle envisageable ? Les plateformes rechignent à s’y résoudre en justifiant ce refus par le fait que leur vocation est de faciliter l’accès aux soins.

Mais le plus grave réside ailleurs. Ces «oublis» accroissent les difficultés d‘accès aux soins. La perte de temps de consultation est estimée à 2 heures par semaine par médecin toutes disciplines confondues. Ils finissent par perturber l’offre de soins, en réduisant la disponibilité médicale des praticiens déjà mise à mal par le manque criant d’effectifs, tant dans les hôpitaux qu’en ville. Au final, ils contribuent à augmenter le nombre de patients qui, faute de rendez-vous, s’adressent aux services d’urgence qu’ils saturent. Cela devient alors un véritable problème de santé publique.

Aux urgences le nombre de passages aux urgences explose – il est estimé à 22 millions. Ce chiffre est à rapprocher des 27 millions de rendez-vous non honorés. Autant de patients qui auraient pu trouver une place en ville.

Il est grand temps de lutter contre cet incivisme qui va jusqu’à mettre à mal les services d’urgence. Il appartient à chacun d’entre nous de revoir nos comportements pour venir au secours à notre système de santé.

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