Le système actuel de tarification en heures pleines et heures creuses concerne environ 15 millions de foyers en France. Ce dispositif offre, un tarif avantageux pendant les heures creuses, 8 heures par jour, lorsque la demande en électricité est faible, et un tarif plus élevé durant les heures pleines, les 16 heures restantes. ENEDIS, gestionnaire du réseau, fixe ces plages horaires en fonction de la demande globale, sans possibilité de modification par les consommateurs.
La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) préconise d’adapter les heures creuses aux pics de production solaire. Les enjeux sont simples : à quoi bon placer les heures creuses la nuit si le pays bénéficie d’une électricité abondante et peu chère le jour, quand les panneaux photovoltaïques fonctionnent à plein régime ? Il faut savoir qu’en 2024, la France a connu 235 heures de production électrique à prix négatif, soit 5% des heures de production, dépassant le record de 2023 (147 heures) et ce phénomène ne peut que croître avec l’arrivée de nouveaux producteurs d’électricité renouvelable. En conséquence, la CRE propose que, dès 2025, les heures creuses soient majoritairement placées en journée (de 11h à 17h) au printemps et en été, afin de correspondre aux périodes de forte production photovoltaïque, tout en maintenant les heures creuses nocturnes en hiver.
La CRE suggère aussi de rendre les tarifs des heures creuses encore plus avantageux afin d’inciter davantage de foyers à opter pour ce type de contrat. Cette réforme devrait s’étendre progressivement jusqu’en 2035.
Les raisons qui justifient cette évolution sont multiples. Outre la nécessité d’ajuster au mieux les périodes de consommation aux moments où l’énergie solaire est abondante, il faut aussi tenir compte de l’évolution des usages, à savoir l’augmentation du nombre de véhicules et des systèmes de chauffage électriques. De plus, il convient de répartir la demande pour réduire les pics de demande, en encourageant une consommation en dehors des périodes critiques. Ceci permettrait d’éviter la mise en route de centrales fossiles coûteuses et polluantes. Cette évolution présenterait aussi des avantages pour les usagers. Elle serait une source d’économies potentielles, dans la mesure où un tarif encore plus avantageux durant les heures creuses de journée pourrait inciter davantage de consommateurs à adapter leur consommation, notamment pour les appareils programmables (lave-linge, sèche-linge, chauffe-eau, etc.). Et, pour les foyers équipés de panneaux photovoltaïques, les systèmes de stockage d’énergie (batteries) devraient devenir plus accessibles, permettant de consommer sa propre production d’électricité le soir ou la nuit. Cependant, cette réforme, si elle voit le jour, changera les habitudes des consommateurs, notamment ceux qui préfèrent consommer pendant la nuit. De plus, recharger les véhicules électriques la nuit pourrait s’avérer moins avantageux si les heures creuses se déplacent en journée. Enfin, la rentabilité des installations photovoltaïques, chez les particuliers, pourrait être affectée, si les heures pleines deviennent plus coûteuses en soirée, moment où leurs panneaux ne produisent plus.
En résumé, cette future réforme vise à mieux synchroniser consommation et production d’électricité renouvelable, tout en incitant les foyers à ajuster leurs usages, mais elle nécessitera une adaptation progressive des comportement