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Electricité, comment en est-on arrivé-là ?

Note d’actualité-Géopolitique de l’Electricité

Vous êtes nombreux à vous interroger sur l’énergie
Avec l’aimable autorisation de Lionel Taccoen en charge de la revue géopolitique de l électricité vous trouverez ci-dessous un point factuel:

La situation française est particulièrement grave, les causes françaises et européennes se cumulant :

L’instauration de la concurrence en électricité : elle a fait de la Russie un fournisseur privilégié, défaillant aujourd’hui. Les producteurs européens, mis en concurrence, n’avaient pas le choix. Pour ne pas perdre de clients, ils étaient obligés d’acheter leurs combustibles où ils étaient les moins chers, en Russie. Par ailleurs au nom de la concurrence, la législation européenne actuelle sur la sécurité d’approvisionnement en électricité (Règlements UE 2019/941 et 943) met en garde contre toute mesure perturbant le marché, tel le financement public de capacités de réserves. La France, bon élève, a ainsi fermé 10GW de centrales de secours qui seraient bien utiles aujourd’hui. Enfin, pour doper la concurrence, une législation française (ARENH), s’est révélée « un poison » pour le principal producteur du pays, EDF, (dixit son ex-président), en l’obligeant à financer des concurrents factices.

La désindustrialisation : Si le parc nucléaire français affichait la même disponibilité (92%) que le parc américain, il produirait 20 à 25% de courant en plus. Notre faible disponibilité existe depuis longtemps mais elle s’accentue. La seule cause possible reste notre désindustrialisation car les réacteurs des deux parcs ont des tailles, des âges et une technologie proches. La moitié de nos entreprises industrielles, dont celles du nucléaire, ont disparu depuis la fin du programme historique, d’où une grave perte de compétences. Or les compétences pour la construction, les travaux de maintenance et la prolongation d’un parc nucléaire (grand carénage) sont similaires (ex.les soudeurs).

L’idéalisation des renouvelables: le stockage massif de l’électricité n’étant pas pour demain, les productions d’électricité solaire et éolienne dépendent d’aléas d’une Nature insensible à notre sécurité d’approvisionnement. L’idéalisation des renouvelables a fait oublier la nécessité d’une énergie pilotable non carbonée importante, qui ne peut être que l’atome, d’où des errements coûteux de la politique nucléaire et la décision d’arrêt de deux réacteurs en bon état (Fessenheim, 1,8 GW).

La France est en grand danger de ne plus disposer d’électricité à coût compétitif pour son économie, et aux prix acceptables par ses citoyens. A long terme, la solution est une renaissance d’EDF et un mix suffisant nucléaire-renouvelable. Mais à court terme ?

La sobriété certes…Mais si elle implique la fermeture de moyens de production, des boulangeries à la métallurgie en passant par William Saurin, elle devient mortifère. Aujourd’hui la priorité des priorités est d’éviter une nouvelle et gravissime désindustrialisation.

A court terme, il faut d’une part construire des centrales à gaz, seule production d’électricité disponible rapidement (en achetant le gaz le moins cher possible par des contrats communs européens) et d’autre part repérer et recouvrer rapidement les compétences industrielles, aujourd’hui déficientes, qui permettraient une meilleure disponibilité du nucléaire existant. Parallèlement les entreprises ayant des difficultés pour payer leurs factures d’énergie doivent être aidées, comme en Allemagne et aux Etats Unis. Ces entorses à la concurrence ne provoquent pas trop de problèmes aux Etats Unis où une vingtaine d’Etats, pourtant adeptes de l’économie de marché, n’ont pas instauré de concurrence entre fournisseurs d’électricité.

Adam Smith, père du libéralisme et apôtre de la concurrence préconisait un Etat puissant gardant sous sa coupe, hors marché, les activités indispensables à sa sécurité.

L’électricité est indispensable au fonctionnement et aux institutions d’une société digitale. Sa fourniture régulière, à un coût acceptable, relève dans nos pays modernes de la sécurité nationale, comme le prouve l’Ukraine en guerre. L’électricité est un bien public.

Lionel Taccoen Directeur Lettre « Géopolitique de l’Electricité »

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