Obtenir un prêt de dépannage d’un petit montant, c’est possible et cela en quelques clics. Mais cette pratique venue des pays anglo-saxons coûte les yeux de la tête aux emprunteurs… On vous explique pourquoi…
le cas, ce qui entraîne des litige
Comment fonctionnent ces miniprêts ?
Décrocher en un instant ou en quelques clics une avance de 50, 100 ou 200 € pour éviter un découvert bancaire, payer ses courses ou encore céder à la tentation d’un achat compulsif ? C’est simple comme un claquement de doigts. Une poignée d’entreprises proposent aujourd’hui des miniprêts de dépannage dont les montants varient de 25 à 1 000 €. Bling, Cashper ou encore Floa Bank qui est le nouveau nom de la Banque Casino ont un argument choc : la rapidité. D’abord, pour l’étude de la solvabilité des demandeurs, qui reçoivent une réponse presque immédiatement ou, au plus tard, dans la journée.
Si ces sociétés réagissent aussi promptement, c’est parce qu’elles peuvent consulter les comptes bancaires des consommateurs grâce à la directive européenne sur les services de paiement DSP2. Tout utilisateur doit, au préalable, en autoriser l’accès, ce qui permet à la banque de réaliser une analyse de sa situation financière et d’évaluer ses capacités à rembourser immédiatement.
Ensuite, les critères d’octroi de ces organismes sont beaucoup plus souples que ceux des spécialistes traditionnels du crédit. Les prêts sont en effet ouverts à tous, y compris aux étudiants, travailleurs précaires, indépendants, demandeurs d’emploi, retraités et, parfois, au interdits bancaires. La seule condition: justifier de rentrées d’argent régulières, à partir de 400 € par mois (pensions, salaires, allocations, aide familiale…).
Quels sont les coûts d’un emprunt ?
Les options que proposent ces banques font bondir le coût des emprunts.
Si l’examen des comptes par des algorithmes livre un résultat positif, l’emprunteur a deux possibilités. Soit il patiente 14 jours avant de recevoir son prêt.
Dans ce cas, le crédit est accordé sans frais chez Bling, avec un taux d’intérêt nul lors d’une première souscription chez Cashper, et soumis à des frais de gestion chez Finfrog, Floa Bank et Lydia.
Soit il souhaite un versement immédiat. Mais là, le client doit mettre la main au porte-monnaie et ce n’est pas donné: les options express peuvent coûter jusqu’à 30% du montant emprunté.
Malgré ces surcoûts, qui pèsent d’autant plus que la somme empruntée est petite et la durée de remboursement courte (de 15 jours à 3 mois), le versement express reste privilégié par les particuliers. Or, si cette option semble indolore, elle n’est pas anodine pour le budget des foyers, surtout s’ils les utilisent fréquemment.
Et quels sont les taux annualisés ?
UFC-Que Choisir a ainsi simulé ce que serait le taux annuel effectif global (TAEG) de ces prêts, en incluant l’option l’express. Le résultat, de fait, est prohibitif : suivant les calculs, le taux peut atteindre jusqu’à 91% chez Lydia et un taux stratosphérique à 2 234% chez Cashper !
Pourquoi des taux aussi élevés peuvent-ils être pratiqués?
La réponse à cette question est simple. Si un emprunt ne dépasse pas 200 € ou que sa durée de remboursement est inférieure ou égale à trois mois, il n’est pas considéré, juridiquement, comme un crédit à la consommation, mais comme une facilité de trésorerie. Et cela change tout, puisque ces miniprêts échappent alors aux dispositions légales protégeant les particuliers contre le risque de souscrire un crédit inadapté à leur situation, telles que l’encadrement de la publicité, l’obligation d’information préalable et de vérification de la solvabilité, l’offre de contrat de crédit avec toutes les mentions obligatoires… Ce qui aboutit à déposséder les demandeurs de données essentielles qui leur permettraient d’évaluer l’impact sur leur budget. Et à les priver de la possibilité de comparer les différentes propositions pour choisir la moins onéreuse.
Si ces taux ahurissants étonnent en France, ils sont monnaie courante dans les pays anglo-saxons, où les offres similaires, appelées payday loans (« avances sur salaire»), pullulent. Néanmoins, les dérives étaient telles que de nombreux régulateurs locaux sont intervenus afin d’encadrer ces pratiques ruineuses pour les emprunteurs. Au Royaume-Uni par exemple, le marché a été assaini. Ces prêts de court terme existent toujours, mais une réglementation limite désormais les taux appliqués. Et si ceux-ci n’ont pas complètement disparu, c’est pour une bonne raison: ils sont moins coûteux que les frais engendrés par un découvert bancaire (agios, incidents de paiement facturés…).