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Hydrogène = vraie promesse ou prochain Eldorado des arnaqueurs ?

La combustion de l’hydrogène dégage de l’énergie thermique (et mécanique dans un moteur à combustion interne), de la vapeur d’eau et des oxydes d’azote. Les piles à hydrogène produisent de l’électricité et de la vapeur d’eau. Avec le réchauffement climatique l’hydrogène pourrait être un carburant d’avenir.

Normal donc, que nos gouvernants s’y intéressent entre pandémie, actions terroristes, élections … Les médias ont d’ailleurs fidèlement répercuté les annonces gouvernementales. Mais qu’en est-il vraiment ?

Voici ce que l’on trouve à ce sujet sur le site du gouvernement.

Dans la bouche de nos gouvernants, l’hydrogène est d’abord un « verdissement du propos, teinté de nationalisme ».

Je conseille la lecture préalable du dossier de presse intitulé « Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France ».

Maintenant un tout petit peu d’analyse de cette stratégie (en italique texte extrait du dossier).

« L’hydrogène est d’ores et déjà couramment utilisé dans l’industrie pétrolière (raffinage) et chimique (production d’engrais), pour une consommation française totale de l’ordre de 900000 tonnes par an. Il s’agit en grande majorité d’hydrogène carboné qui engendre de l’ordre de 9 millions de tonnes de CO2 par an*. Le recours à l’hydrogène décarboné permettra ainsi de diminuer les émissions de CO2 dans l’atmosphère. »

*Soit 2,8% des 317 millions de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère en 2018

Objectifs de la stratégie

1- « Installer suffisamment d’électrolyseurs pour apporter une contribution significative à la décarbonatation de l’économie.

    Ce sera possible grâce à l’installation d’une capacité de production d’hydrogène décarboné de 6,5 GW par électrolyse. »

Cela fait très longtemps que l’on sait produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. C’est simple si l’on a de l’eau et de l’électricité. Le hic, un rendement déplorable et le coût final de l’hydrogène produit. Aussi le procédé chimique de reformage d’hydrocarbure est le plus utilisé, bien que polluant, mais le coût final n’est toujours pas concurrentiel. Les réservoirs sous forte pression sont la seule solution actuelle de stockage d’hydrogène sous un volume raisonnable. Comprimer l’hydrogène nécessite des compresseurs ce qui accroit la dépense énergétique (et donc le rendement global du processus).

6,5 GW correspond à la capacité de production d’électricité de 4 unités de 1600MW de type EPR. Avec un coefficient de production d’un EPR de 80% il faudrait donc 5 EPR pour alimenter en continu ces catalyseurs, et ajouter la quantité d’électricité nécessaire au stockage et au transport de cet hydrogène.

Si l’on préfère des éoliennes, il faudra 2166 éoliennes de 3 MW et un fonctionnement discontinu des catalyseurs.

Avec un coefficient de production optimal de 23%, il faudrait 9417 éoliennes pour produire l’équivalent de la production annuelle des 5 EPR précités.

Si l’on souhaite un fonctionnement continu des électrolyseurs exclusivement à partir d’énergie dite renouvelable, et même en combinant éolien et solaire on ne s’en sort pas. Il faudrait pouvoir stocker de l’électricité en quantité pour ensuite fabriquer de l’hydrogène en quantité et le stocker !

Y’a plus qu’à fabriquer de l’électricité avec l’hydrogène et la boucle est bouclée !

Je ne résiste pas à l’envie de citer la priorité 3 en page 12 du document stratégique :

« Les nouveaux usages de l’hydrogène identifiés par la stratégie sont nombreux. Les exemples suivants en illustrent la diversité :

–  l’hydrogène dans les réseaux énergétiques : l’hydrogène peut être utilisé pour faciliter le déploiement des énergies renouvelables en améliorant la stabilité des réseaux énergétiques ;… »

Les Shadocks n’auraient pas fait mieux (ils pompaient l’eau à l’arrière du bateau pour la remettre à l’avant afin que le bateau continue d’avancer).

Il faut bien comprendre le propos de nos têtes pensantes ; faire accroire aux français que les installations d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques contribuent à la stabilité des réseaux.

En affectant cette production d’électricité à une production d’hydrogène exempt de CO2 on opérerait un cercle vertueux. Et donc il faut « soutenir l’innovation en faveur de l’industrialisation de nouvelles technologies« .

L’escroquerie est manifeste et elle n’est pas seulement intellectuelle !

2- « Développer les mobilités propres en particulier pour les véhicules lourds. [bus, poids lourds trains …] »

Disposer d’un carburant propre pour les bus urbains est louable (attention à la sécurité). Hors la ville, lorsque cela est possible le rail et le train électrique sont préférables.

Les trains à hydrogène, c’est débile pour l’Europe avec un réseau dense et électrifié qui concentre la plus grosse part du trafic ferroviaire. Mieux vaut utiliser l’électricité pour faire rouler les trains électriques plutôt que fabriquer de l’hydrogène pour faire rouler des trains à hydrogène. Seul débouché, les réseaux ferrés non électrifiés (réseaux secondaires français et européens, plaines d’Asie), mais penser que chinois et russes vont acheter la technologie française est illusoire.

Pour les poids lourd, faut pas se tromper de priorité. Transporter des carottes du Portugal au Danemark avec des camions à hydrogène est stupide. Mieux vaut privilégier le ferroutage et utiliser les poids lourds à hydrogène pour les premiers et derniers kilomètres.

3- « Construire en France une filière industrielle créatrice d’emploi et garante de notre maîtrise technologique »

Là c’est le refrain Cocorico. Les constructeurs allemands, chinois, américains, japonais, tremblent à cette idée !

Nous avons vu ce que cela a donné pour la sidérurgie, le photovoltaïque, l’éolien, Asltom (leader construction ferroviaire et alternateur), … et bientôt le sort promis à un autre champion dans la production d’électricité (EDF, off course).

Pour la bagnole l’affaire est déjà jouée, pour les poids lourds aussi.

Toyota travaille sur la pile à combustible depuis 1992. La Mirai roule au Japon depuis 2018 et pourrait être commercialisée en Europe en 2021 (1850 kg, 78 000 €). Chez BMW c’est pour 2022. Toyota annonce un poids lourd pour 2022.

Pour terminer. Oui l’hydrogène suscite des espoirs, mais tout dépendra de la façon de le produire.

S’il est toujours utile d’améliorer le rendement des catalyseurs, la production à l’aide de bactéries et la photo synthèse devraient être encouragées en priorité.

La sécurité intrinsèque des stockages d’hydrogène semble affaire de plomberie mais c’est une vraie difficulté (cf. nitrate d’ammonium, actions terroristes…) et cela aussi consomme de l’énergie.

Sans une orientation pertinente la stratégie actuelle accompagne indûment éolien et photovoltaïque. Qui dit que c’est malhonnête ?

MG

Quelques liens :

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/04/08/l-hydrogene-un-marche-en-devenir_5447191_3234.html

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/07/06/l-efficacite-du-cycle-de-l-hydrogene-restera-inferieure-a-celle-de-l-electricite_5327163_3232.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Production_d%27hydrog%C3%A8ne

https://energies.airliquide.com/fr/mediatheque-planete-hydrogene/comment-produire-lhydrogene

https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/les-bacteries-productrices-dhydrogene-de-nouveaux-debouches-pour-les-energies-propres-6178/

http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/eedd/climat/dossiers/energie_demain/hydrogene/hydrogenephotsynthese

https://www.liberation.fr/sciences/2013/04/18/energie-l-heure-h2_897249

https://phys.org/news/2006-12-hydrogen-economy-doesnt.html

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