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La « blockchain » : révolution technologique ?

Fini le lait infantile contaminé aux salmonelles, le fipronil dans les œufs ou les lasagnes à base de viande de cheval ? Des enseignes de la grande distribution comme Carrefour ou Casino ont décidé de reprendre les choses en main et de redonner confiance aux consommateurs.

Solution magique : la « blockchain » (chaîne de blocs, en français).

Créée en 2008 par un personnage d’origine japonaise et connue pour être le support du bitcoin et autres cryptomonnaies, la blockchain est un système de stockage et de transmission de données censé s’auto-organiser et être infalsifiable.

Plus besoin d’un organe de contrôle. Vous lancez une information, la voilà cryptée en un bloc distribué à une multitude d’ordinateurs appartenant à des particuliers ayant téléchargé le logiciel approprié ou à des entreprises spécialisées, répartis dans le monde entier.

Ceux-ci, les « mineurs », valident ces blocs et les inscrivent dans la chaîne contre rémunération au moyen de quelques bitcoins.

L’info devient ainsi impossible à modifier ou à supprimer ! Un « supercloud » inviolable et accessible à tous.

Grâce à cela, Carrefour et Casino se vantent de pouvoir suivre à la trace chaque poulet, chaque kilo de tomates, chaque pot de miel..et de pouvoir permettre à leurs clients de consulter le dossier complet de ces produits (lieu d’élevage, d’abattage ou de transformation..) sur leur smartphone après avoir scanné un code QR placé sur l’emballage des produits.

Génial, non ?

Mais la blockchain promet beaucoup plus. Nous devons rattraper notre retard sur les Américains et sur les Chinois !

En France, seule une centaine de start-up se sont placées sur ce créneau, dans des domaines variés comme la finance, la santé ou l’énergie : « Ardents » promet de lutter contre le trafic des médicaments en les traçant via la blockchain…mais il faut aller plus loin. Et vite !

Il y a cependant un hic. La blockchain est un gouffre énergétique.

Le protocole de consensus nécessaire à la validation d’un bloc exige des serveurs informatiques ayant une grande puissance de calcul, donc extrêmement voraces en énergie .

Cette consommation est amplifiée avec la multiplication des « fermes de minage » où les ordinateurs tournent nuit et jour pour valider les blocs.

Pour l’instant, il n’existe en France qu’une poignée de serveurs dont le plus important se trouve à Orvault, près de Nantes. Ce n’est qu’un début.

« Le Canard » (28/2/018) a raconté comment l’Islande consommait désormais plus d’énergie pour la production de bitcoins que pour chauffer et éclairer toute l’année la totalité de ses 340 000 habitants !

Dans un rapport daté du 20 juin 2018, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opcest) estime que l’ensemble des blockchains publiques consommeraient entre 45 et 200 TWh (1) par an.

A titre de comparaison, la consommation énergétique annuelle de la France s’élève environ à 530 TWh.

Mais pour que les clients de Carrefour, Casino… soient sûrs que leurs œufs sont garantis sans fipronil, rien n’est trop beau !… Mais qui paiera ? Les consommateurs, certainement !

Et combien consommeront, par ailleurs, toutes les voitures électriques ?

Comment produire toute cette énergie dans le respect de l’environnement ? Il y a du pain sur la planche pour tous les professeurs Nimbus des start-up et d’ailleurs !

(1)TWh : Térawatt-heure est une unité de mesure d’énergie correspondant à 10 puissance 12 wattheures, le wattheure étant l’énergie consommée par un appareil d’une puissance d’un watt fonctionnant pendant une heure.

JL 01/2019